Ma faille spatio-temporelle japonaise

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Aujourd’hui, je vais vous parler de retour. Je suis un peu trop dans l’anticipation, n’est-ce pas ? Parler de retour alors que je ne suis même pas encore partie ?!

Mais j’avais vraiment envie de partager ce que j’ai ressenti au retour de mon année passée au Japon, car je crois intimement que je revivrai cela après ce séjour au Canada. D’une manière un peu différente, sans doute, mais avec des symptômes qui me seront familiers. 

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Un an au Japon, ou comment vivre plusieurs vies en quelques mois

Pour redonner un petit peu de contexte, je suis partie étudier au Japon, de septembre 2012 à août 2013, dans le cadre de ma licence. Cette année au Japon, j’en rêvais depuis un moment. Déjà au lycée, je m’étais renseignée sur les possibilités de partir là-bas, mais j’avais finalement repoussé ce projet. Le 10 septembre 2012, je me suis donc envolée vers Tokyo, pour un an à l’Université Waseda.

Une année durant laquelle je ne suis pas du tout rentrée en France, même pendant la période de Noël. Cela a sûrement beaucoup joué sur ma perception des choses au retour. Une année au Japon durant laquelle j’ai énormément appris, voyagé, parfois douté. Qu’est-ce que j’ai aimé. Qu’est-ce que je me suis amusée. Qu’est-ce que j’ai découvert. Qu’est-ce que j’ai vécu. Oui, ce sentiment d’avoir vécu tant de vies en une seule année. De partir à la découverte du festival de la Neige à Hokkaido, d’être ébahie devant la beauté des paysages tropicaux d’Okinawa, de se perdre dans un quartier de Tokyo, de partir aussi un peu plus loin, en Corée du Sud, au Vietnam, en Thaïlande. De progresser en japonais. D’être parfois déroutée, parfois dépitée, quand les choses sont plus difficiles.

Alors, comment “gérer” le retour d’une année si haute en couleurs, si intense, si forte en découverte de soi ?

 

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Le retour : lost outside of translation  

C’est quelque chose de très particulier. Tu changes tellement, ton monde intérieur change tellement. Puis tu rentres, et tu as l’impression que rien n’a bougé là d’où tu viens. Ca a un certain côté rassurant, par exemple certaines amitiés qui reprennent si facilement qu’elles semblent ne jamais avoir été séparées par des milliers de kilomètres. Mais il y a aussi une collision un peu violente par moment. Comme si les gens ne pouvaient pas comprendre tout ce qui t’était arrivé. D’ailleurs tu te drapes, tel un ado incompris (“#SeMondeKruelNeMeCompranPaS”), dans une sorte de pseudo-fierté intime, en te disant qu’ils ne le comprendront pas, jamais. Et tu ne sais tellement pas quoi dire quand on te demande « Alors, le Japon ? ». Que vous dire ? Par où commencer ? Mais c’est le jeu tu le sais. Et tu poses cette question toi-même, sans doute, à celles et ceux qui reviennent d’un périple. Puis au bout de quelques jours, ton “exotisme” s’envole, tu as partagé des bribes de ton voyage, et tout est comme avant. Enfin en apparence.

La première sortie en ville fut rude. Je crois même que j’ai pleuré. Trop de regards croisés, ce qui n’arrive pas si souvent au Japon, de signes d’agressivité, qui n’en étaient en fait probablement pas, mais que j’ai perçus comme tels. Sas de réhabituation. Tu as grandi ici, les réflexes reviennent vite. Ton corps et ton esprit sont marqués de manière indélébile par toutes ces habitudes. Au bout de quelques mois, Tokyo me semble déjà loin… “Ai-je vraiment vécu cela ?”

 

 

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“J’ai l’impression qu’on n’a jamais été là-bas”

Certaines choses tangibles te rappellent que ça t’est arrivé… une très belle amitié par exemple (si tu lis cet article, tu te reconnaîtras sans doute 🙂 ) Quelqu’un m’avait d’ailleurs fait la remarque que c’était une chance d’avoir forgé une véritable amitié avec une française là-bas, car justement, ça rend la chose plus réelle. Oui, j’ai vécu au Japon ! Oui,  puisque cette personne, je l’ai rencontrée à Tokyo et j’ai partagé tant de choses avec elle !

Avec cette amie que j’ai rencontrée à l’autre bout du monde, et que je vois régulièrement, on se dit souvent « J’ai l’impression que c’est tellement loin, que c’est irréel. Qu’on n’a jamais été là-bas en fait ». Et après, on s’échange quelques souvenirs, et du coup, quelques sourires.
Et on finit inlassablement par conclure d’un  « Non mais là ça commence vraiment à me manquer, il faut trop que j’y retourne ». Ce qui nous apparaît parfois maintenant comme une parenthèse, qui a filé à vitesse de la lumière, a sans aucun doute été fondamental dans ce que nous sommes aujourd’hui.

Voilà l’histoire de ce que j’appelle, avec affection et nostalgie, ma faille spatio-temporelle japonaise.

Quelques photos de cette année si particulière (cliquez sur une photo pour l’agrandir) : 

SéparateurN’hésitez pas à partager vos propres expériences de retour 🙂

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One Reply to “Ma faille spatio-temporelle japonaise”

  1. « Tu changes tellement, ton monde intérieur change tellement. Puis tu rentres, et tu as l’impression que rien n’a bougé là d’où tu viens. »
    Rrrraaaaaaa, c’est tellement vrai !
    Et sur Paris, la routine du « boulot métro dodo » est si prégnante ! C’est ce qui nous empoisonne je pense.

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