Le 30 août dernier, j’ai décidé de m’écrire un message, à moi-même. Je l’ai programmé pour le 1er juin 2018. A 9 jours de mon départ en PVT. Mais ça, je ne le savais pas, à l’époque.
J’avais entendu parler je ne sais où du site “FutureMe”, qui permet de s’envoyer un e-mail à soi-même en programmant sa date d’arrivée (dans quelques jours, quelques mois, ou quelques années). J’avais trouvé l’idée intéressante. Quand il m’arrive parfois de retomber sur des lignes que j’ai écrites quelques mois ou années plus tôt dans des carnets, je suis toujours étonnée, prise d’une impression que ces mots ont été écrits par quelqu’un d’autre que moi. Ils me rappellent des choses qui s’étaient évaporées de mon esprit, ou des questionnements dont l’issue me paraît évidente au moment où je les relis.
Il y a 10 mois de cela…
Fin août 2017, je m’apprêtais à reprendre un nouveau poste, après quelques mois de réflexions et de doutes. La rentrée approchait, cette période où cela devient difficile de se sentir “inactif”, de ne pas avoir de perspectives nouvelles. Je ne savais pas trop si je prenais la bonne décision, j’étais un peu stressée. J’avais aussi envie de consigner par écrit les réflexions des mois passés. J’ai donc décidé de m’envoyer un mail, dans le futur. Le choix de la date de réception, je le justifie au début de ce mail, d’ailleurs : “Pas pour dans un an, même si ça sonne bien ce chiffre rond. Plutôt pour avant l’été. Parce que tu aimes l’été, le soleil, et que tu veux en profiter. “ Bon, justification pas forcément philosophique, mais qui a le mérite d’exister. J’ai donc sélectionné la date du 1er juin 2018, en me disant que ce mail me servirait sans doute d’électro-choc si j’étais pétrie par les doutes juste avant les beaux jours. J’ai donc pris quelques minutes pour faire le point avec moi-même, pour mettre des mots sur les pensées, doutes, et joies du moment, et pour poser quelques questions à mon futur moi…
Photographier son esprit à un instant T
Je trouve qu’il est très intéressant de mettre par écrit son ressenti à un instant T. De noter ses doutes, ses points de satisfaction, ses questionnements. Lorsqu’on les lit dans de nouvelles circonstances, à un instant T+1, ils prennent une autre dimension. On est souvent en mesure de répondre tout à fait autrement aux questions qu’on se posait alors. On peut être fier des choses accomplies entre temps. On peut aussi, parfois, se souvenir de choses difficiles, mais cela aide à se rappeler pourquoi on a pris telles ou telles décisions.
On dit souvent que l’être humain a une fâcheuse tendance à se concentrer sur ce qui ne va pas plutôt que sur le positif. Certes, c’est quelque chose que beaucoup d’entre nous expérimentent régulièrement. Mais parfois, on enjolive aussi des choses du passé à cause d’une certaine nostalgie, et on finit par mettre de côté des aspects négatifs qui pourtant nous étaient insupportables à l’époque. Avoir mis des mots sur son ressenti au moment où on les vit nous permet de nous rappeler qu’effectivement, à cet instant dans le passé, telle situation n’était pas tenable pour nous, et qu’il n’y a pas de regrets à avoir.
S’écrire avec bienveillance et curiosité
Bien entendu, libre à chacun de s’écrire ce qu’il souhaite. Après tout, si vous voulez vous envoyer une blague Carambar pour dans 10 ans en voyant si elle vous fait toujours autant rire, libre à vous de le faire :D. Mais je me permets deux petites suggestions si vous décidez d’écrire un mail qui « fait le point » avec vous-même.
Je pense qu’il est important d’avoir de la bienveillance envers soi-même dans ce genre d’écrit. Par exemple, lorsque je m’interroge dans le mail sur la poursuite de telle activité qui m’intéressait, j’ai laissé la porte ouverte, avec des formulations du type : “Tu as continué ? J’espère que ça te plait toujours. Si non, au moins tu auras tenté, et ça t’aura enrichie, c’est sûr ! ;)” Je trouve également intéressant de se poser des questions, du type “Est-ce que tu envisages toujours cette option ?”, “Tu hésitais avec ça, qu’est-ce que tu en penses désormais ?” . Cela permet vraiment d’interpeller le nouveau “nous” sur des sujets particuliers afin qu’il y réfléchisse à nouveau, à la lumière de sa nouvelle grille de lecture. Il est intéressant de voir comment certains sujets sont devenus tout à fait obsolètes à nos yeux, et à quel point on se sent parfois éloigné de ce qui s’est passé quelques mois auparavant.
Timing parfait
Je trouve ça assez amusant que cet e-mail me parvienne 9 jours avant le début de mon PVT. A l’époque, je n’y avais pas postulé. Je ne mentionne même pas la possibilité d’un départ à l’étranger, c’est dire ! Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses. J’envisage d’écrire à nouveau un petit message de ce type avant mon départ en PVT. Pour quelle échéance ? Je ne sais pas encore… Peut-être pour la fin d’année ? Ou pour mes 6 mois de PVT ? On verra selon l’envie du moment.
Le contenu intégral du mail reçu le 1er juin, je ne vais pas le publier ici, car cela est trop personnel. Mais je conclus tout de même cet article avec un extrait de la fin, et notamment une phrase bien en phase avec mon départ en PVT :
« Cette lettre touche bientôt à sa fin. (…) je pense avoir dit l’essentiel. J’espère que tu es heureuse (…) S’il y a eu des moments difficiles, j’espère que tu as su et pu les surmonter, armée de tes nouvelles capacités. Si au moment où tu me lis, tu vas mal, rappelle toi que tu as en toi les ressources nécessaires pour changer les choses. Rien n’est définitif. Tu as plein de belles choses à découvrir et à accomplir. »
Pour programmer un mail que vous recevrez dans le futur, c’est ici : FutureMe
En cliquant sur Read Public Letters, vous pourrez également y lire des mails que des personnes se sont envoyés il y a 10 ans, 15 ans, 6 mois… car il y a la possibilité de rendre la lettre publique mais anonyme si on le souhaite. 🙂
Crédit photo/illustration : Jay Mantri / Nick Roach