Laurie avait posté un message sur un groupe Facebook de Français à Vancouver. Elle évoquait un road trip tout juste terminé, et avait envie de rencontrer du monde autour d’un verre. Voilà la genèse de notre rencontre ! En découvrant peu à peu son parcours et son profil, j’ai eu envie d’en savoir un peu plus. Portrait d’une sacrée nana. 🙂
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Laurie, j’ai 25 ans, je viens du Sud-Est de la France, et j’ai commencé à voyager quand j’avais 19 ans.
Est-ce que tu peux parler un peu de ton parcours ici au Canada, pour donner une idée générale de ce que tu y as fait ?
Je suis arrivée à Montréal pour commencer mon PVT. J’avais choisi Montréal parce que, tout bêtement, ils parlent français, et je n’avais pas envie de me prendre la tête avec toutes les démarches que tu dois faire au début. J’ai trouvé un travail rapidement dans un restaurant. Je n’ai pas trop voyagé la première fois que je suis venue ici. Je suis ensuite rentrée en France, puis je suis repartie à Montréal, cette fois pour économiser de l’argent et partir voyager dans l’Ouest. J’ai trouvé un travail dans une chaîne de cafés, mais je n’avais pas beaucoup d’heures. Ca ne me convenait pas, puisqu’il fallait que je mette de l’argent de côté pour mon voyage. J’ai donc trouvé via une copine un boulot pour faire des ménages dans des AirBnb.
Tu m’as dit que tu n’étais pas trop une « city girl » : les villes, ce n’est pas trop ton truc. Mais visiblement, Montréal t’a beaucoup plu. Tu peux nous dire pourquoi ?
Ca commence déjà avec la poutine et la bière haha. Tout est vraiment bien desservi, c’est une ville à taille humaine. Avec les métros, tu peux aller un peu partout. Si tu en as marre de la ville, t’as des parcs un peu partout, où tu peux te détendre, faire des barbecues l’été. Il y a vraiment une ambiance que j’aime bien et les gens sont tellement sympas. C’est la seule ville où je pourrais vivre je pense.
Peux-tu parler de ton road trip dans l’Ouest ; et aussi des conditions dans lesquelles tu l’as fait ?
Je ne voulais pas faire la traversée de Montréal à Calgary en voiture parce que c’est trop long, et je ne suis pas sûre qu’il y ait des choses très intéressantes à voir entre les deux versus la durée de mon voyage. Je suis arrivée à Calgary, j’ai trouvé un couchsurfing qui m’a aidée pendant 5 jours le temps de trouver une voiture. Acheter une voiture c’est compliqué ici quand t’es française : si tu n’as pas le permis d’une des provinces, tu payes une blinde en assurance… Mais bon, une fois que tu as tout ce qu’il te faut, ça se fait rapidement. J’ai juste acheté une voiture « basique », j’y ai mis mon matelas gonflable… Qui se dégonflait toutes les nuits mais bon, c’est pas grave, c’était bien pour dormir gratuitement !
Je suis partie dans les Rocheuses pendant 2 semaines pour faire du HelpX dans une auberge de jeunesse, pour bien découvrir le parc. Après ça, j’ai pris la route pour le Yukon, en passant un peu par la Colombie-Britannique sur la route. Je suis remontée jusqu’à Dawson City en haut du Yukon (ndlr : ville mythique de la Ruée vers l’or, connue pour son casino avec shows burlesques, et surtout son « Sourtoe Cocktail Club »… Je vous laisse chercher ce dont il s’agit si le cœur vous en dit 😉) J’y suis allée à la bonne période, il n’y avait pas encore trop de touristes, j’avais des routes pour moi toute seule. Tellement toute seule que je pouvais mettre ma voiture au milieu, sortir, mettre mon trépied et faire des photos. J’ai fait ça pendant peut-être 10 minutes ! Sans parler des animaux que tu croises sur la route…
Et après j’ai pris la « Top of the World Highway », qui mène à l’Alaska. C’est une route de graviers, qui est vraiment pas terrible à prendre. Surtout quand tu as crevé deux fois avant de prendre cette route, t’es flippée… Et là, je suis arrivée en Alaska, je suis remontée jusqu’à Fairbanks, pour redescendre jusqu’à Anchorage. L’Alaska c’est vraiment comme le Yukon : grands espaces, nature. Si t’aimes pas la nature, faut pas y aller ! Et après je suis redescendue doucement vers Vancouver puis Vancouver Island.
Tu as fait combien de kilomètres en tout ?
Ca fait 12 888 km, sur une période de 57 jours.
J’ai passé beaucoup de temps à mettre de l’essence… C’est vrai que c’est un voyage qui m’a coûté cher, surtout parce que j’étais toute seule. Ca m’aurait coûté moins cher de partager, mais ce n’est pas ce dont j’avais envie. J’avais vraiment envie d’un voyage pour moi, de pouvoir faire ce que je voulais, de ne pas avoir de compte à rendre à quelqu’un. Vraiment faire ma vie. Donc je savais très bien que c’était un voyage qui allait me coûter cher, mais c’est un voyage dont je rêvais depuis tellement d’années que… Je suis ruinée mais heureuse haha !
Tu peux parler de la vie quotidienne durant ton road-trip ?
C’était compliqué. Ma première vraie nuit passée dans la voiture, j’ai été débile, parce que je m’y suis prise un peu tard. Il a commencé à faire nuit, il pleuvait des cordes. Il y avait plein de trous sur la route, je ne voyais rien… J’ai aperçu un camping-car, je me suis arrêtée sur le bord de la route, à côté. J’ai dormi comme ça. Ce qui est bien dans le Nord de la Colombie-Britannique et au Yukon, c’est qu’ils ne te font pas trop chier quand tu dors dans ta voiture, sur les parkings de stations-services etc. C’est ce que j’ai beaucoup fait. Bon c’est pas terrible de te réveiller et de t’endormir près des camions, mais c’est gratuit, et il y a des toilettes. En général c’est que je faisais : je conduisais, et quand il commençait à faire nuit, je me posais devant une station-service et je me faisais ma bouffe avec mon gaz. Si y avait trop de vent, qu’il faisait trop froid ou qu’il pleuvait, je reculais mon siège, et je cuisinais carrément dans la voiture parce que sinon ça gâchait trop de gaz.
Puis je dormais dans la voiture, je regonflais mon matelas tous les soirs… Je me suis fabriqué des sortes de rideaux, que j’accrochais avec des trombones, pour me cacher du jour. Parce que plus tu montes vers le Nord, plus le jour dure longtemps ! C’était compliqué, à minuit il faisait encore jour.
Et pour les toilettes, pour te laver ?
Pour tout ce qui est toilettes, quand il y avait une station-service c’était bien. Sinon bah… nature ! On ne va pas faire la compliquée. Je n’avais pas de douche solaire, donc j’avais acheté des lingettes et je me lavais à la lingette. De temps à temps, tu peux payer pour aller prendre une douche dans les campings. Après, sur certains trajets, ils en jouent un peu : 5$ la douche franchement, moi je paye pas ! Je me suis aussi lavée dans des rivières, avec mon savon non chimique. Il ne faut pas avoir envie d’être propre tous les jours, ça c’est sûr !
Un conseil à donner à quelqu’un qui envisage à un road trip comme toi ?
Déjà, ne pas faire la débile comme moi, c’est-à-dire partir sans checker les pneus. J’aurais peut-être évité de changer deux pneus. Donc bien checker la voiture avant de partir !
Moi je suis partie sans livre, type Le Routard etc. Je n’ai pas de place pour ça ! Ce qui est vraiment sympa à faire, c’est de s’arrêter dans les centres d’information. On te dit tout ce qu’il faut voir, surtout si tu as un temps limité. Ils te donnent des cartes gratuitement, voire même des coupons pour l’essence. En plus t’as du café gratuit en général, tu peux remplir ta gourde d’eau, t’as le Wi-Fi, des prises…
Et puis… Il faut se lancer, et pas avoir peur quoi. Mais, ce n’est pas un road trip que j’aurais fait à une période pas du tout touristique, c’est sûr. J’étais toujours rassurée en me disant qu’il y avait d’autres gens qui voyageaient, en cas de problème. La première fois que j’ai crevé sur la route, il me manquait un bout du cric, donc j’ai signalé que j’avais un problème, et en 2 minutes quelqu’un s’est arrêté. Même la deuxième fois où j’ai crevé, quelqu’un s’est arrêté sans que je n’ai rien demandé.
Ah oui aussi, très important : l’application Maps.me pour télécharger des cartes hors connexion et voir où sont les banques, les supermarchés, quoi que ce soit. Tu peux télécharger tout une région, c’est vraiment trop utile, parce que tu ne captes pas tout le temps sur la route. Et ça économise ta data. Et aussi, l’appli WikiCamps et le site freecampsites.net, pour voir les endroits où tu peux aller dormir dans ta voiture/camper gratuitement.
Le Canada, c’est ton troisième PVT, puisque tu as fait Australie et Nouvelle-Zélande avant. Pourquoi tu as eu cette envie de partir et de repartir ? En quoi ce 3ème PVT était différent des autres pour toi ?
Mon premier PVT c’était l’Australie quand j’avais 19 ans. A la base, je n’avais pas trop envie d’y aller. Je venais de louper mon bac, et mon père m’a dit « Soit tu redoubles » (sachant que j’avais déjà redoublé deux fois, je n’avais pas envie de redoubler encore une fois) « Soit tu rejoins ton frère en Australie pour apprendre à parler anglais ». Ca a commencé comme ça. Je ne suis pas restée super longtemps en Australie. J’ai travaillé dans des fermes… et je n’ai pas vraiment appris l’anglais. Mais c’était quand même une bonne expérience. Au final, quand je suis rentrée, je l’ai un peu regretté d’être revenue plus tôt, de ne pas avoir vraiment profité de mes premiers moments en Australie. Je suis donc partie voyager ailleurs, en Irlande. Et c’est là que ça a vraiment commencé, que je me suis dit « Je n’ai pas envie de m’arrêter, de travailler en France. Je suis jeune et j’ai envie de voyager. ». Je suis partie en tout pendant un an, entre Nouvelle-Zélande, Australie et Asie. Et puis pour le Canada, j’ai tenté le PVT quand j’étais en Nouvelle-Zélande. Quand je l’ai eu, je me suis dit « Trop cool, allez, on y va ! ».
Je ne pourrais pas avoir de préférence entre mes trois PVT, car ils étaient tous complètement différents. Les trois valent la peine d’être faits, ça c’est sûr. Même si j’ai peut-être plus vécu de choses au Canada.
Est-ce qu’à l’heure actuelle, en fin de PVT Canada, tu envisages un autre PVT ?
Je m’étais dit qu’après ce PVT j’allais rentrer et me mettre dans une routine. Mais au final, je sens que je suis un peu mal barrée ! Sur l’île de Vancouver, j’ai rencontré deux femmes d’une cinquantaine d’années, qui ont voyagé jusqu’à leurs 35 ans. Et quand elles me racontent tout ce qu’elles ont fait, ça ne donne pas envie d’arrêter ! L’une d’elles, Shannon, continue à voyager maintenant. Il n’y a rien qui la retient, elle sous-loue son appart quand elle s’en va, elle part 6 mois dans l’année, elle revient, elle travaille. Ca a toujours été un truc que je rêve de faire… J’ai envie de me poser mais en même temps je veux voyager. Donc c’est vrai que c’est compliqué. Mais peut-être que l’Amérique du Sud me tente bien.
Qu’est-ce que t’ont apporté ces expériences de PVT ? Qu’est-ce que ça change pour ta vie future d’avoir osé faire ça ?
Quand j’ai commencé à voyager, c’était pour l’anglais. Dans ma famille, on n’est vraiment pas langues étrangères. J’ai toujours eu un peu de mal avec l’anglais, donc déjà je suis contente que les voyages m’aient permis de pouvoir parler anglais sans avoir peur d’être jugée.
Je me sens tellement… forte, parce que je n’ai plus peur de rien en fait. Je sais que demain, je pourrai partir dans n’importe quel pays, je serai « Ok, allez on y va ! ». Ca c’est cool, de se sentir vraiment forte dans ce sens-là, de ne pas avoir peur de voyager.
Une citation et/ou chanson qui t’a suivie pendant ce PVT Canada ?
Ma citation, que je me suis d’ailleurs fait tatouer, c’est « La vie continue », parce qu’il ne faut pas t’arrêter à quelque chose de mauvais qui s’est passé dans ta vie. Toujours voir le bon côté des choses. On n’a qu’une vie donc il faut profiter à fond.
Et une musique que j’aime vraiment beaucoup, c’est « Outro » de M83. Quand t’écoutes cette musique et que t’es sur une route sans fin, tu te sens juste libre. Quand je suis arrivée dans les Rocheuses, quand j’ai mis cette musique, je crois même que j’ai crié tellement j’étais heureuse d’y être.
On peut te suivre quelque part ?
Oui, sur mon compte Instagram : @laureea et sur ma page Facebook : Laurie P.hotography& Travel
Merci à Laurie d’avoir partagé son parcours avec moi ! 😊 C’est très inspirant de rencontrer des filles comme elle !
Outro de M83, excellent choix 🙂
Merci pour le partage Elise, keep it up!
Héhé, j’avoue que c’est le soundtrack parfait pour la découverte des grands espaces 😉
Merci Thib !