Road-trip dans les Rockies, Partie 1 : des lacs et des pouics-pouics

Lake Louise Coupe Monde

Du 8 au 24 juillet dernier, je suis partie en road-trip dans les montagnes Rocheuses (les « Rockies ») avec 3 parfaits inconnus… ou 3 inconnus parfaits, selon les versions :p Première partie du compte-rendu de ces 2 semaines en itinérance.

Qui, quand, quoi, comment ?

Lors de ma première semaine à Vancouver, je regardais de temps en temps les groupes Facebook de français à Vancouver pour voir s’il y avait des opportunités intéressantes. C’est comme cela qu’un jour, peu après mon arrivée, je suis tombée sur le message de Louis. Il parlait d’un road trip dans les Rockies qu’il avait planifié avec sa copine au mois de juillet. Ils cherchaient des compagnons de voyage pour partager la route, les frais, et les bons moments. En termes de timing, cela me semblait parfait. Et en termes de destination, aussi. J’avais très envie d’aller découvrir les Rockies, mais je ne me voyais pas me lancer dans une telle expédition toute seule… En plus, l’été est la saison ultra-touristique là-bas, et il était déjà trop tard pour réserver les emplacements de camping. Ce message était donc un don du ciel pour moi ! Et le fait que je tombe dessus alors que je ne me connectais que rarement à internet, également. 😉 J’ai donc tenté ma chance, et ai convenu d’aller boire un petit verre avec Louis et Marianne, histoire de voir si le feeling était bon. Quitte à partir avec des inconnus, autant s’assurer qu’on n’ait pas envie de se taper dessus dès le début ! Le 4ème luron, Corentin, nous a rejoint la veille du départ. Un montagnard d’adoption, puisque résidant à Chamonix depuis quelque temps, et travaillant pour une marque de ski.

L’itinéraire avait été défini au préalable par Marianne et Louis plusieurs mois auparavant. En effet, comme je l’ai précisé plus haut, les Rockies sont une région ultra-touristique en été, donc la réservation des campings est IMPERATIVE. Si vous souhaitez avoir une idée plus précise de notre itinéraire, voici la carte qu’avait préparée Louis : cliquez ici pour la découvrir.

Derniers préparatifs en équipe

Niveau équipement, une tente pour Louis et Marianne, chacun la nôtre pour Corentin et moi. Nous avons aussi eu la grande chance d’avoir une bonne partie de l’équipement fourni par mon généreux hôte à Vancouver, Philippe : réchauds, duvet supplémentaire, glacière… Ainsi qu’une grande tente montable en quelques secondes en cas de besoin. Nous voilà bien équipés pour partir. Ah oui, j’oublie un élément essentiel du road trip, la voiture ! Elle avait été réservée par les soins de Louis et Marianne chez Enterprise. Bon, on ne va pas se mentir, ce n’était pas donné, mais on a préféré passer par une compagnie de location de voitures reconnue, pour ne pas avoir de soucis mécaniques ou quoi que ce soit. Elle a été louée à mon nom car si les conducteurs ont moins de 25 ans, cela coûte plus cher. Première fois de ma vie que j’étais au volant d’une automatique, et que je conduisais en Amérique du Nord… Après des courses collectives histoire de ne pas se ruiner dans les Rocheuses : pâtes, riz, tofu, tempeh (eh oui, j’ai eu la chance que mes compagnons de road trip se mettent au régime végétarien pendant ces quelques jours 😉), conserves de légumes etc… nous nous sommes offerts un déjeuner au restau de sushis, histoire de faire connaissance autour d’un bon repas.

 

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C’est parti mon Rocki-ki (Pardonnez cette blague un peu nulle)

Le 8 juillet, c’est le départ, dans la joie et la bonne humeur. Quelques 400kms, histoire de s’avancer tant que nos esprits sont encore frais et dispos et nos yeux pas trop fatigués ! Stop au camping de Shuswap Lake et découverte des emplacements de camping dans les parcs nationaux canadiens (ils sont tous à peu près pareils, peu importe le camping) : un grand emplacement au milieu des arbres, avec un endroit pour faire du feu, une table et deux bancs en bois. Le tout, pas trop proche des voisins. Les trois tentes plantées, premier dîner au réchaud d’une looongue série. 😊 Et accessoirement, les premiers paquets de chips d’une looooongue série aussi. Après un petit bac endiablé (si si, je vous jure !), nous profitons d’un joli coucher de soleil au bord du lac, et hop, sous la tente pour notre première nuit de road trip. J’ai super bien dormi pour ma part… D’ailleurs j’ai parfois l’impression de mieux dormir sous la tente que dans un lit haha !

« Be bear aware »

Le lendemain, à nouveau plus de 400km pour se rendre à Jasper, qui compte parmi les endroits les plus fameux des Rockies. En route, nous nous sommes arrêtés pour admirer l’imposant Mount Robson. Il est vraiment impressionnant et semble toiser les visiteurs ! Nous nous sommes ensuite installés au sein du camping « Wapiti Campground ». Pour la première fois, nous nous retrouvons face à des affiches à propos de la présence des ours. « Be bear aware » (« Soyez conscients des ours »), c’est le slogan partout (ou presque) dans les Rocheuses. Dès l’arrivée, les employés du camping insistent sur la nécessité de garder l’emplacement impeccable : pas de restes de nourriture, pas de glacière qui traîne, pas d’ustensiles ayant servi à la préparation du repas… Finalement, ce n’est pas tant pour protéger les humains que pour protéger les ours. C’est très mauvais de nourrir la faune sauvage, car cela habitue les animaux à trop se rapprocher des hommes, et peut mener à des situations dans lesquelles ils se font abattre… A l’entrée des campings, on voit même des glacières éventrées exposées à la vue de tous, accompagnées du slogan « Les glacières ne sont pas à l’épreuves des ours ». Au Wapiti Campground, il y avait notamment des affiches un peu étonnantes pour une néophyte des Rocheuses, qui préconisaient de se déplacer en groupe le soir, et qui disaient quelque chose du style « Attention, les ours chassent les bébés Wapiti sur le terrain du camping. Les mères Wapiti peuvent se montrer agressives ». Et c’est vrai que le camping portait bien son nom : de nombreux wapitis trainaient dans les herbes tout autour des emplacements. Un Wapiti, ça ressemble un peu à une grande biche, plus puissante et haute sur pattes. C’était rigolo d’en croiser en allant aux toilettes !

 

Le jour suivant, nous nous sommes rendus au Maligne Canyon et avons marché le long de la rivière. Il s’agit des gorges les plus profondes des Rocheuses, les chutes d’eau étaient donc assez impressionnantes (mais assez fréquentées, du moins au point le plus accessible). Coupe du Monde de foot oblige, nous sommes ensuite allés dans un bar de Jasper regarder la demi-finale contre la Belgique, armés de bières et de burgers. Il y avait pas mal de belges et quelques grappes de français pour assister à notre victoire. Histoire de digérer tout cela, petite promenade autour du joli lac Annette. Le soir, nous avons tenté des frites maison au feu de bois. Bon, ce fut compliqué, mais on a quand même réussi à se mettre quelque chose dans la panse au final :’)

 

Notre premier pouic-pouic

Le mercredi 11 juillet, nous avons pris la route vers le lac Maligne. Nous y avons fait une randonnée appelée Bald’s Hill, d’environ 4 h 30. Ca grimpait sec au début, surtout que nous avions pris la version avec « raccourci », mais la vue au sommet valait vraiment le détour. C’est toujours ça la récompense en rando, la vue, et les sandwichs tant attendus ! C’est au sommet de cette randonnée que nous avons fait connaissance avec nos premiers « pouics-pouics », animaux récurrents tout au long de notre séjour. Bon, on (Louis en fait) a inventé ce nom, mais en gros ce sont des sortes d’écureuils. En anglais, on appelle ça des chipmunks. C’est très mignon, très rapide, et très intéressé par votre déjeuner. Sur le chemin du retour, rencontre avec un jeune cerf qui se baladait près de la rivière. Après un petit café au bord du lac, on s’est dit qu’on se devait de tester une eau issue des glaciers… et on l’a fait ! On s’est jetés avec délectation (et appréhension ?) dans une eau bien vivifiante. 😊

 

Off to Banff

Le 12 juillet, nous sommes partis de Jasper pour aller vers Banff. Nous étions impatients de découvrir cette route qui est réputée comme étant l’une des plus belles du Canada (voire du monde). Elle est surnommé « la « Promenade des Glaciers ». Et nous n’avons pas été déçus. Parfois, quand on voyage, les moments dans la voiture sont un peu « pénibles » car on n’a pas trop l’impression de profiter. Mais là, c’est comme du cinéma en taille réelle ! Les paysages magnifiques s’enchainent : sommet déchiré rocheux gris qui se détache sur le ciel bleu, glaciers aux airs menaçants, rivières à la couleur bleue laiteuse… On en prend vraiment plein les yeux. L’étape était longue mais nous avions prévu plusieurs stops en chemin. Le premier au Canyon Johnston, où là encore la puissance de l’eau fait un peu froid dans le dos. Alors que nous reprenions la route, nous avons rencontré un ours noir. Enfin, il a failli passer sous nos roues car il a jailli au dernier moment des bosquets… Mais plus de peur que de mal ! (et au passage, j’ai la chkoumoune avec les ours, car c’est le seul et unique que j’ai vu depuis mon arrivée ici…). Nous nous sommes ensuite un peu arrêtés pour voir un imposant glacier, le Columbia Icefield. Un peu plus loin, nous avons marqué un arrêt au Peyto Lake, réputé pour sa belle couleur turquoise. Il était en effet très joli mais l’endroit d’observation était un peu trop bondé à mon goût. Après un rapide déjeuner le long d’une rivière bleu laiteux, nous sommes arrivés à Banff. Une petite ville, qui semblait plus animée que Jasper, et qui était entourée de très belles montagnes grises. Nous avions envie d’un repas gastronomique, nous avons donc fini dans un restaurant très typique : le Subway du coin :p (Ca arrive). Après un petit tour dans Banff, nous sommes allés nous installer au camping, sobrement nommé « Village II ». Camping sympa, entouré de beaux sommets, avec des emplacements un peu plus serrés les uns contre les autres mais ce n’était pas vraiment dérangeant. Après notre dîner, j’en ai profité pour réaliser l’interview de Marianne et Louis que vous avez déjà pu lire ici.

 

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Le lendemain matin, nous avons un peu trainé en ville pour faire le point « pratique » : avoir accès à internet et donner des nouvelles aux proches, laver quelques vêtements, et chercher quelques renseignements. Il faisait très chaud et très beau. L’après-midi, nous sommes allés au lac Minnewanka (et non pas Willy Wonka). Le temps était superbe. Par endroit, on se serait crus en Corse. (dit la fille qui n’y a jamais mis un orteil haha… bon, en tous cas, ça me rappelait les images que j’en avais vu, et Marianne a confirmé que c’était bien ressemblant). Nous avons profité du panorama, nous sommes baignés dans l’eau, qui, une fois n’est pas coutume, était… vivifiante. Le tout, accompagnés de petits pouics-pouics qui lorgnaient nos glaces d’un œil déterminé.

 

Le samedi 14 juillet, il était censé faire moche, mais finalement, le mauvais œil de la météo nous a épargnés. Nous sommes allés randonner sur le Mont Sulphur. Le sommet est accessible via un téléphérique mais nous préférions prendre l’option « Après l’effort, le réconfort ». Comme toujours, le petit pique-nique (avec chips au vinaigre, bien entendu) au sommet, en profitant de la vue. J’ai fait une bonne partie de la descente en courant avec Corentin, parce que… bah ça nous amusait aha. Alors que Marianne et Louis sont allés visiter le musée consacré aux First Nations, Corentin et moi nous sommes intéressés au patrimoine cocktailistique du bar nommé « Park », et nous n’avons pas été déçus 😉 Le soir, flemme de faire le repas au réchaud, nous sommes allés manger dans un pub irlandais et avons profité d’un peu de musique live.

 

Champioooons du m… erde, le plein d’essence !!!

Le 15 juillet… Bien entendu, cette date doit vous rappeler quelque chose. Finale de la coupe du monde. Nous nous étions assurés la veille que le match serait bien retransmis quelque part dans Banff. Nous nous sommes donc installés de bonne heure (8 h je crois ?) au Rose & Crown, un pub, et avons commandé notre petit-déjeuner. Il n’y avait pas foule, c’est le moins que l’on puisse dire. Je me sentais un peu seule avec mes chants de supportrice ! Mais bon, nous avons pu assister au match, c’est l’essentiel. C’est sûr que dans ces moments-là parfois, tu te dis, « Mince ! J’aimerais bien vivre ça à la maison », et tu as un petit pincement au cœur de manquer ça. Mais bon, tu es tout à fait consciente que tu as beaucoup de chance d’être là où tu es. Pour fêter cela, nous avons quitté Banff toutes vitres ouvertes (+ toit ouvrant ouvert), en brandissant le drapeau par la fenêtre, et en mettant « I will survive » à fond. Tellement pris dans notre enthousiasme… que nous avons oublié qu’il fallait absolument que nous fassions le plein avant de partir ! Petite frayeur en voyant qu’on était vraiment justes pour faire demi-tour et atteindre la station-service… Mais bon, Marianne ayant bien géré nos quelques petits litres restants, plus de peur que de mal ! (et bonne rigolade quand même en se rendant compte de ce qu’on venait de faire…). Après un court trajet d’une cinquantaine de kms, nous avons établi nos quartiers pour la nuit au Lake Louise Campground. Nous avons pris une navette gratuite pour atteindre l’un des endroits les plus réputés des Rocheuses, Lake Louise. Bon, lorsqu’on arrive, de loin, on peut être un peu effrayé par la masse de touristes qui se pressent sur la rive du lac. Et par l’immense hôtel qui se dresse juste à côté de cette foule. Mais en apercevant le lac et le glacier dans le fond, on est obligés de se dire « Waouh ». La couleur du lac était magnifique. Un turquoise clair, un peu laiteux mais pas trop, qui contrastait parfaitement avec le gris de la montagne dans le fond.

Nous avons marché le long du lac, et un peu sur le flanc de montagne un peu plus loin. Cela vaut le coup, car franchement, après à peine 1 km le long du lac, il n’y a plus grand monde. Ce qui permet de profiter de la belle couleur sans jouer des coudes. Nous n’avons pas eu le temps de monter jusqu’au Tea House qui se trouvait un peu plus loin sur le chemin que nous empruntions, mais je pense que ça doit être bien chouette à faire. Lorsque nous sommes revenus au bord du lac, je n’ai pas pu résister… Un si beau lac, quasiment pour moi toute seule… Je m’approche du bord pour tester la température, et badaboum, je glisse sur les rochers. Je sens que je me fais mal au pied, mais j’essaye de ne pas trop y penser… Bref, tant qu’à être mouillée, je me jette dans l’eau très fraîche, mais quel bonheur. Nager quasiment seule dans un si bel environnement (sous les yeux ébahis de certains touristes qui visiblement pensaient que j’avais un pet au casque de me baigner dans une eau froide comme ça). Corentin lui aussi s’est lancé dans le grand bain 😉 Bon, une fois sortie de l’eau à la froideur anesthésiante, j’ai bien dû me rendre à l’évidence : j’avais bien bien mal au petit orteil, que je m’étais cassé quelques mois auparavant. Mmmm. J’essaye de faire abstraction de la douleur, mais quand tu ne peux pas vraiment enfiler ta chaussure parce que ça te fait mal, ce n’est pas évident. Et il se trouve que comme nous avions un peu trainé, il n’y avait plus de navettes de retour. Oups. Deux solutions : appeler un taxi, ou tenter le stop. Nous sommes partis pour la seconde option. Et nous avons eu de la chance, puisqu’un monsieur sympathique, grand fan de montagne, nous a pris tous les 4 en stop et déposés à notre voiture. Ce soir-là, nous avons inauguré la grande tente prêtée par Philippe, afin de pouvoir partir plus rapidement le lendemain matin. Nous avions été prévenus : si vous voulez vous garer au Lac Moraine, il va falloir être matinaux !

 

Séparateur

Voilà pour la première partie du road-trip ! La seconde partie sera postée d’ici peu 😊

Merci à Corentin pour certaines des photos qui illustrent cet article !

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