De l’envie et de la difficulté de s’installer en PVT

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Fin août, après presque 3 mois de PVT, et de vadrouille tout autour de la Colombie-Britannique, j’ai commencé à songer à m’installer quelque part. Sauf que, contre toutes attentes, l’idée de me stabiliser m’a plutôt… déstabilisée. Explications.

Mon PVT a commencé par 3 mois de nomadisme plus ou moins intense selon les semaines, d’expériences très diversifiées (volontariat dans une ferme de l’île de Vancouver, roadtrip dans les Rockies, visite de Seattle, volontariat à Penticton dans une maison construite de toute pièce par le proprio…). Après cette palette de vies variées, j’ai pensé à trouver un endroit pour me faire un petit nid douillet. L’envie de s’installer commençait à se faire sentir par moments, et ce, pour plusieurs raisons :

  • L’hiver allait vite pointer le bout de son nez… Cela fait peut-être un peu mal au cœur d’y penser lorsque le mois d’août vient à peine de se clôturer, mais j’avais été prévenue : le passages des saisons se fait rapidement ici, de manière assez abrupte !
  • Une certaine lassitude due à l’impression de toujours recommencer au début avec les personnes que tu croises : se présenter encore et encore, et parler en quelques phrases de son parcours en PVT, encore et encore
  • Cette sensation qui t’effleure à chaque fois que tu pars d’un endroit : « Tiens je serais bien restée un peu plus longtemps pour mieux connaître ces personnes ». Finalement, une impression de t’en tenir à chaque fois juste à la surface, de grattouiller les personnalités que tu croises, suffisamment pour être intriguée, mais pas assez pour satisfaire ta curiosité.
  • Il y a indéniablement de l’adrénaline lorsque tu mets ta vie dans des sacs et que tu es nomade, mais il y a aussi l’envie d’un endroit qui devienne « la maison ». C’était d’ailleurs étrange de ne pas avoir de chez-soi pendant 3 mois. Du coup, l’endroit où tu as le plus passé de temps devient ta maison de substitution, dans mon cas, Vancouver ! (Merci Philippe pour ton accueil si chaleureux d’ailleurs, grâce à toi j’ai pu avoir une maison à l’autre bout du monde).

Mais si j’ai eu envie de m’installer fin août/début septembre, ce n’était pas tout rose au niveau de ma tête. Loin de là. Celles et ceux avec qui j’ai discuté à ce moment peuvent en témoigner. En fait, je crois que le moment où j’ai vraiment songé à m’installer a été celui où j’ai le plus douté. Ce qui peut paraître curieux à certains, puisque j’ai passé 3 mois à ne pas trop savoir où j’allais être les jours d’après, et à broder mon parcours au fur et à mesure. Un style de vie qui en stresserait sans doute plus d’un. Mais oui, le moment de m’installer a été le plus « dur » pour moi. Le plus angoissant et déroutant. J’ai ressenti du stress comme je n’en avais jusqu’alors pas ressenti durant le reste de mon voyage… Peur de se « tromper » sans doute, de faire le « mauvais » choix, surtout après avoir visité tant de lieux de vie possibles. Peur de ne pas me sentir à ma place. De ne pas parvenir à me créer une routine qui me convienne. Peur de faire des choix pour les mauvaises raisons. Peur de trop me challenger en changeant d’environnement, de mode de vie, et de milieu professionnel d’un coup.

Je ne suis pas la seule dans ce cas, j’ai pu m’en rendre compte. J’ai d’ailleurs échangé à ce sujet avec Typhaine, une PVTiste que j’avais déjà rencontrée à Paris avant le départ et que j’ai revue au Canada à plusieurs reprises depuis. Je trouve que ses paroles résument très bien les choses :

 C’est angoissant de recommencer une vie. Tant qu’on est en mouvement, ce n’est pas vraiment à propos de construire quelque chose ici ou de ne pas réussir à le faire. Alors  que sur ces courtes expériences, c’est moins compliqué et on a moins d’attentes.

Bref, pour être honnête, j’ai dû changer d’avis à peu près 15 fois en l’espace de quelques jours avant de vraiment m’installer. La balance penchait très fortement d’un côté un jour, puis le lendemain, mes décisions s’écroulaient tout d’un coup, et j’étais convaincue du contraire. Mais au fait, entre quelles options penchait la balance ? Eh bien, j’avais réduit l’éventail à deux possibilités : m’installer à Vancouver (ce que j’envisageais avant mon arrivée au Canada), et m’installer à Whistler, suite au séjour très agréable que j’y avais passé. Ce « dilemme » a fait de moi une vraie girouette. Je suis donc retournée à Whistler fin août avec l’intention de m’y installer, mais aussi, sans doute, de voir si je m’y voyais vraiment. Je suis partie initialement pour deux semaines avec l’état d’esprit « On verra bien »  (« C’que l’avenir nous réserve hein hein… » Nekfeu, si tu lis ces lignes, coucou ! :-*) J’ai failli plus d’une fois prendre mes billets pour retourner à Vancouver, et failli réserver des billets de bus pour d’autres aventures encore. J’ai fait part de mes doutes à mes proches, qui ont bien vu à quel point je n’arrivais pas à m’y retrouver.

Donc oui, cette partie d’installation, censée apporter de la tranquillité d’esprit, fut pour moi difficile. A tel point que j’en ai eu la boule au ventre certains jours. C’était étrange… Une sensation de fin de « vacances » peut-être aussi ? Le dur équilibre à trouver entre nomadisme et stabilité ? Et pourtant, je savais qu’il ne s’agissait d’une décision que pour quelques mois. Et que si jamais je ne me sentais vraiment pas bien ici ou là, je pourrais tout à fait décider de m’en aller, et de repartir à zéro, ailleurs. Règle n°1 du PVTiste, je vous le rappelle : ce sont 2 ans de LIBERTE. Mais la liberté, c’est parfois vertigineux. C’est vertigineux parce que les cartes qu’on a dans nos mains sont tellement nombreuses, qu’on finit par avoir peur de faire tomber le paquet entier par terre… Il est vrai que dans notre vie « normale » aussi, on a plein de possibilités de changements, d’options diverses… mais elles sont moins visibles à nos yeux. Tandis que lorsqu’on est en PVT, c’est comme si toutes ces options devenaient soudain saillantes : je peux vivre sur une île, je peux travailler dans une ferme ou dans un hôtel de luxe, je peux vivre dans une grande ville, dans une station de ski, je peux travailler dans un café, je peux être volontaire ici et là… Vertigineux.

Finalement, c’est peut-être ça l’équilibre serein d’une vie. Enlever ses œillères, être conscient de toutes les options qui s’offrent à nous, et être convaincu que celle qu’on a choisie est en cohérence avec qui nous sommes. Vaste programme.

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Voilà pour un petit aperçu des états d’âme qui m’ont traversée il y a quelques semaines. Comme vous le savez pour la plupart, me voilà donc installée à Whistler ! Et je dois dire que pour le moment, j’ai vraiment le sentiment d’y être à ma place. Et ça fait du bien. Je vous en dirai plus sur le pourquoi et le comment de mon installation à Whistler prochainement. 😊

Photo : Ahmed zayan sur Unsplash

2 Replies to “De l’envie et de la difficulté de s’installer en PVT”

  1. « Qu’importe où nous allons, honnêtement. Je ne le cache pas. De moins en moins. Qu’importe ce qu’il y a au bout. Ce qui vaut, ce qui restera ce n’est pas le nombre de cols de haute altitude que nous passerons vivants. N’est pas l’emplacement où nous finirons par planter notre oriflamme, au milieu d’un champ de neige ou au sommet d’un dernier pic dont on ne pourra plus jamais redescendre. (…) ce qui restera est une certaine qualité d’amitié, architecturée par l’estime. Et brodée des quelques rires, des quelques éclats de courage ou de génie qu’on aura su s’offrir les uns les autres. Pour tout ça, les filles et les gars, je vous dis merci. Merci. »

    (Alain Damasio – La horde du Contrevent)

    1. Réponse tardive de ma part, mais je milite assez activement pour la liberté quant aux temporalités imposées par les internet haha 🙂
      Merci pour ces quelques mots, qui font du bien et qui en disent plus qu’il n’en ont l’air.

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